Eva Jospin compose des paysages de forêts et de roches découpés dans du carton. Ses sculptures sont extrêmement détaillées, minutieuses par le nombre et la précision des coupes, mais dont la présence et les dimensions leur confèrent un caractère monumental. Partie du motif de la forêt avant 2010, elle articule aujourd’hui son travail autour de la roche, dont la notion de sédiment l’intéresse.

Pour la station Jean Rieux, qui desservira un quartier résidentiel relativement dense, l'artiste Eva Jospin a imaginé Grottesco, un paysage fictif entre nature et archéologie.

Imaginant que, comme à Rome, Athènes ou Sofia, les travaux de construction du métro aient révélé des vestiges archéologiques, trace incertaine et encore non datée, l’artiste s’interroge sur l’attitude à adopter (Faut-il détruire, conserver, déplacer ? Continuer à creuser ?) et investit ce moment fictif de l’excavation, avec un décor en trois ouvertures, dévoré de végétation et de sédiments. La forme mise au jour est à la fois une ouverture, semblable à une grotte, et une sorte de théâtre abandonné dans lequel la nature aurait repris ses droits.

L’œuvre s’insère parfaitement dans l’architecture de la station tout en invitant à l’imaginaire. L’artiste propose volontairement une pièce non narrative, qui ne fonctionne pas comme un symbole mais qui laisse chaque usager s’approprier un univers fictionnel. C’est un dialogue entre l’architecture et l’œuvre, laissé ouvert et purement fictionnel au regard des usagers : la forme était-elle déjà là ? A-t-elle été trouvée, ou ajoutée ? S’agit-il de mémoire, ou de construction ?

Manifesto accompagne également les artistes Lek & Sowat dans la production de leur œuvre pour la station Labège-Enova.