La pratique d’Anna Saint-Pierre porte sur la mémoire des lieux à travers la collecte et la réutilisation de matériaux de démolition. Designer textile diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs en 2016, elle est docteure depuis 2022 en Sciences Arts Création Recherches avec une thèse intitulée « Textiliser la mémoire bâtie ». En 2022, elle est lauréate du Grand Prix de la création de la ville de Paris en design émergent, et réalise deux œuvres de 1% artistique.


Inventer des textures, des couleurs et des formes à partir de l’histoire de la tour Utrillo et de ses matériaux, de la cité du Chêne-Pointu, du quartier, et plus largement du territoire de Clichy-sous-Bois et Montfermeil : dans sa proposition, l’artiste souhaite « sublimer la mémoire bâtie ». Anna Saint-Pierre produira une œuvre en trois pans, liant le passé, personnifié sous formes de fragments et d’éléments architecturaux des anciens lieux d’habitation, et le futur des communautés locales. 


En discussion avec le cabinet d’architecture Encore Heureux en charge de la construction des nouveaux bâtiments et de l’équipe des Ateliers Médicis, l’artiste produira, dans une démarche de réemploi et à l’aide d’un travail d’archivage, une installation artistique dialoguant avec le tissu social passé de la cité du Chêne-Pointu. Pour la création d’une série d’objets en céramique à partir de terres excavées sur site, la designeuse a invité le collectif Niveau Zéro et la céramiste Camille Calvo à collaborer avec elle à l’occasion d’ateliers avec le voisinage. 


L’installation artistique a pour ambition de se déployer dans le hall des Ateliers Médicis. Elle sera composée de trois éléments, communiquant les uns avec les autres : le sol, crée sur mesure à partir de matériaux glanés en ville et sur le chantier, dont le motif en damier fait en terrazzo, retrace les contours de la fondation de l’ancienne tour ;  une paroi textile suspendue, sérigraphie produite par l’artiste à partir de pigments extraits de la terre du chantier et les portes d’entrées.  Le jury a été particulièrement sensible à l’adéquation de la proposition artistique avec l'esprit du projet architectural et au souhait d’une participation active des habitant·es lors d’ateliers intergénérationnels.